Le SMS n’est ni un discours synchrone ni asynchrone. On peut le considérer comme un mélange des deux à la fois. Discours synchrone veut dire une conversation synchronisée en temps réel. Exemple d’un tel type de discours est le tchat électronique. Deux personnes communiquent via deux ordinateurs interposés et la connexion Internet. Pourquoi on ne peut pas intégrer le SMS dans la communication synchrone (synchronisée) ? C’est vrai que l’expéditeur et le destinataire d’un SMS sont en relation en temps réel mais jusqu’à la réception du Texto le destinataire n’est pas au courant de l’intention de son expéditeur de communiquer. De plus, très souvent on répond à un SMS dans un certain temps et non pas de suite. Alors que chez les tchats les deux internautes rentrent dans une messagerie instantanée avec la claire intention de communiquer de façon synchronisée.
En même temps on ne peut pas considérer le Texto comme un discours asynchrone. Des fois, les deux locuteurs « rentrent » en communication via les SMS et le temps de réception est réel. Ils envoient et ils se répondent en même temps, ils créent une sorte de mini-tchat.
Tout ceci pour dire que la politesse dans le langage SMS (comme beaucoup d’autres éléments de ce type de discours) connaît une incroyable diversité. Il n’existe pas un modèle standard pour pouvoir l’analyser et repérer ses tendances. Et justement le fait que le Texto est une communication à la fois synchrone et asynchrone contribue fortement à cette hypothèse.
Après avoir analysé un corpus de SMS, j'ai constaté que les formules de politesse apparaissent justement quand il y a une sorte de dialogue en temps réel, c’est-à-dire quand la conversation est synchronisée. Il y a cinq cas pareils dans le corpus. Dans ces cinq mini - dialogues via des SMS on trouve des ouvertures de politesse (comme « Hello », « Salut ») et des questions de salutation (comme « comen va tu ? », « Comment ca va ? »). On remarque une tendance ici qui est d’emprunter des ouvertures des autres langues, surtout l’anglais (« Hi », « Hello », « Ola »…). Utiliser des anglicismes dans la Communication médiée par ordinateur n’est pas nouveau. Ceci prouve, une fois de plus, que le Texto est la conséquence d’un langage déjà existant, qu’est le langage du chat et des forums d’Internet.
En ce qui concerne la question de politesse des SMS asynchrones, ce n’est pas la même chose. Les Texto qui ne visent pas une réponse immédiate, paraissent assez « secs », impolis, transgressifs sur les règles élémentaires de bienséance. Ils ont tendance à alléger ou à supprimer les formules de politesse, à aller à l’essentiel, à oser un simple « ok », à avoir recours aux abréviations. Ceci peut instaurer une distance, une certaine agressivité, un certain manque de proximité et de relation humaine entre les deux utilisateurs de SMS. On ne trouve presque pas de minimisations pour éviter les Actes menaçants pour la face (FTA - Face Treating Actes). Il n’y a que deux exemples de SMS qui essayent d’échapper à la FTA :
« excuz moi de te demander si tard, mais est ce ke tu va o tutorat demain matin? Bisou »
« coucou natalia, ça va? tu c, les secrétaire ont di kon 2vé etre juste 2 pour les inscription o bureau alor ça marangeré 2 pa le fair 2main kom ça je peu rentrer 2 mende ke 2 main. kar ça me fai partir tot sinon ojourdui et on risk davoir des bouchons... ça te dérange ou pa? repond ok ou non.biz »!
Ce qui est intéressant aussi, ce sont les salutations finales d’au revoir (les clôtures). Paradoxalement ils y sont assez souvent dans les deux types de SMS (synchrones et asynchrones). Dans les 80% des Texto de notre corpus, nous avons « Bisous », « Bizz », « Bone Soirée », «Bises », « tchao tchao » et ainsi de suite. On constate une tendance d’utiliser plus souvent « bises » ou « bisous » comme salutations finales, à la place d’ « au revoir » ou de « bonne journée » par exemple.